J'ai besoin d'intimité. Non pas parce que mes actions sont douteuses, mais parce que votre jugement et vos intentions le sont.
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Mais on ne peut pas s’indigner de la barbarie terroriste et souscrire dans le même temps à cette forme de justice sommaire, sans être en contradiction avec soi-même ou tourner le dos, sciemment, à la République Française.
Oui, mais bref. Pas ou pas peut-être que malgré alors !
Bienvenue en macronistant : tu portes un autocollant de ton parti politique dans le fond de ton sac ? Tu es un manifestant.
Des chefs d'accusation comme ça, on peut en trouver des tas :
Tu es dans la rue durant les heures de travail ? Tu es un manifestant.
Tu n'as pas de montre bracelet connecté ? Tu es un manifestant.
Tu portes un gilet jaune la nuit sur ton vélo ? Tu es un manifestant.
Tu portes un gilet jaune sur l'autoroute parce que ta voiture est en panne ? Tu es un manifestant.
Tu as eu l'audace de lire un autre programme que celui du macronistant ? Tu es un manifestant.
Tu portes un bonnet ? Tu es un manifestant.
Tu n'as pas de compte Google ou Facebook ? Tu es un manifestant.
Tu utilises Linux ? Tu es un manifestant...
Pour résumer, l'augmentation des péages a servi avant tout à rémunérer les actionnaires.
La question posée, in fine, est celle du pourquoi de la privatisation.
Dominique de Villepin n'a-t-il pas sacrifié le long terme -des autoroutes rentables pour l'Etat, y compris sans dérive des tarifs-, au profit de recettes de privatisation à court terme?
Au passage, les banquiers d'affaires ont eu droit à d'importantes commissions. Mais il n'est plus question, là, d'intérêt général.
Sur Medium, l’avocate Jennifer Granick (@granick), directrice des libertés civiles au Centre pour l’internet et la société de Stanford, a retranscrit la présentation qu’elle a livrée à la dernière conférence Black Hat 2015 (video). Une réflexion (de plus) sur la fin de l’internet qui rappelle la désillusion du blogueur iranien Hossein Derakhshan qui a été beaucoup partagé au début de l’été (Six ans après, internet se recroqueville” - voir notamment le commentaire qu’en livraire Olivier Ertzscheid), en plus radical encore.
Pour Granick, l’internet des pionniers est en train de mourir.
“Pour le meilleur ou pour le pire, nous avons priorisé des choses comme la sécurité, la civilité en ligne, l'interface utilisateur, et les intérêts de la propriété intellectuelle plutôt que la liberté et l'ouverture. L'Internet est moins ouvert et plus centralisée. Il est plus réglementé. Et en plus il est moins global et plus divisée. Ces tendances : la centralisation, la réglementation et la mondialisation s’accélèrent. Et elles vont définir l'avenir de notre réseau de communication.
D’ici 20 ans :
• Vous ne saurez plus nécessairement grand chose sur les décisions qui affectent vos droits, comme d’obtenir un prêt, un emploi, ou une voiture qui roule. Tout cela va être décidé par des algorithmes informatiques et aucun humain ne sera vraiment en mesure de comprendre pourquoi.
• L'Internet va devenir beaucoup plus comme la télévision et beaucoup moins comme la conversation mondiale que nous avions envisagé il ya 20 ans.
• Plutôt que d'être renversées, les structures de pouvoir existantes seront renforcées et reproduites, et ce sera particulièrement vrai de la sécurité.
• La conception de la technologie de l'Internet facilite de plus en plus la censure et le contrôle plutôt que les défaire.”
Pour changer de cap, estime l’avocate, nous allons devoir nous confronter à des décisions difficiles. Après être revenu sur son parcours et les espoirs de liberté et d’autonomie que l’internet portait, elle explique que cet échec est lié au fait que notre capacité à connaître, modifier et faire confiance à la technologie que nous utilisons est limitée à la fois par la loi et notre capacité à comprendre les systèmes complexes. La loi empêche de plus en plus de bricoler, de détourner, de contourner, de regarder à l’intérieur des logiciels…
“Sans la liberté de bricoler (tinker), sans le droit de désosser ces produits, nous vivrons dans un monde de boîtes noires opaques. Nous ne saurons pas ce qu'elles font, et nous serons punis si nous regardons furtivement à l’intérieur.”
Or les logiciels seront de plus en plus prédominants dans nos vies. D’ici les 20 prochaines années, ils seront intégrés partout, des réfrigérateurs aux voitures comme aux appareils médicaux. Mais comment dans une Black Box Society (une société de la boîte noire, comme l’appelle le professeur de droit Frank Pasquale) savoir si le résultat produit par ces systèmes est conforme à l’intérêt public ?
Pour l’instant, il y a encore peu de réglementation sur la sécurité logicielle, estime la spécialiste. Mais cela va changer. Dans un monde où les logiciels sont de plus en plus opaques et fermés, omniprésents, la responsabilité logicielle est inévitable et nécessaire. Cela va rendre le code plus cher, plus conservateur, moins innovant.
Nous sommes passés d’un internet de bout en bout (un internet décentralisé, démocratique, neutre, où l’intelligence était à chaque bout pas dans les tuyaux), à un internet de tuyaux intelligents qui permet de nouveaux modèles d’affaires, une qualité et des prix différenciés et qui enferment les gens dans des réseaux propriétaires comme ceux de Facebook, d’Androïd, d’Apple ou de TenCent (la messagerie instantanée chinoise) . Comme le disait Tim Wu, dans ce nouveau cycle, l’internet va finir par devenir l’égal de la télévision. Voici venu le temps de la centralisation, de la réglementation et de la globalisation (”le prochain milliard d'utilisateurs d'internet risque de venir d’un pays sans premier amendement, d’un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme, peut-être même d’un pays sans procédure régulière ou sans règle de droit”).
Mais si l’on blâme les entreprises et les gouvernements, il faut aussi faire le mea culpa des utilisateurs, nous, nous qui avons quitté les blogs pour Facebook, nos serveurs de messagerie pour Gmail, cédé aux bienfaits du nuage, cette informatique oligopolistique qui renforce le contrôle, la surveillance et la régulation. La première victime de cette centralisation est la confidentialité, rappelle Jennifer Granick. Et la loi n’a pas réussi à nous protéger de la prolifération de la capture de données.
“Pour avoir une chance de revenir au rêve de la liberté sur Internet, nous devons mettre en œuvre des réformes juridiques pour mettre fin à la suspicion que représente l'espionnage généralisé”. Nous devons protéger nos e-mails et nos données. “Nous devons rejeter totalement les lois secrètes de surveillance, parce que la loi secrète est une abomination dans une démocratie.” Mais allons-nous faire toutes ces choses ?
“La sécurité n’est pas le contraire de la vie privée, rappelle encore l’avocate. Vous pouvez améliorer la sécurité sans porter atteinte à la vie privée - par exemple par le verrouillage des portes d’un poste de pilotage. En fait, la vie privée protège la sécurité. Un militant des droits de l'homme en Syrie ou un homosexuel en Inde ont besoin du respect de leur vie privée pour ne pas être tués. Nous devrions penser la sécurité avec plus de nuances”, que de penser seulement la sécurité au détriment de celle des autres.. Car penser ainsi ne construit pas la sécurité d’un réseau mondial.
Le développement de grands réseaux propriétaires a développé le contrôle et la censure. Le droit d’auteur a toujours été la première cause de censure, mais le développement de la propriété l’étend toujours plus loin. Le problème est que les gens applaudissent quand Google retire des contenus de revenge porn, quand Youtube supprime les vidéos de propagande de Daech, quand Twitter adopte des politiques plus sévères sur les tweets racistes. La censure ne cesse de se renforcer : “en faisant pression sur les plates-formes et les intermédiaires, les gouvernements peuvent contrôler indirectement ce que nous disons ce que nous vivons”. Les photos d’allaitement ne sont pas les bienvenues et vos opinions peu orthodoxes ou radicales risquent surtout de vous placer sur une liste de surveillance.
“De combien de liberté d'expression une société vraiment libre a-t-elle besoin ? A combien de souveraineté une Nation doit-elle renoncer pour permettre à un véritable réseau mondial de prospérer ?”
Nous avons le choix entre la balkanisation du réseau et une course vers le bas qui le fera bientôt ressembler à la télévision. Qu’allons-nous choisir ? Pour l’avocate des droits de l’homme, un autre avenir est possible. Il passe par le chiffrement des communications pour rectifier le déséquilibre entre la technologie et le droit à la confidentialité. Il passe aussi par la construction d’un nouvel internet pour mettre à bas celui qui existe. Radical ?